mercredi 14 décembre 2016

Félix COLPART, brodeur

Un nom, Colpart, un prénom, Félix, un métier, brodeur, une année 1914...

La toile permet rapidement d'en savoir plus et de broder autour de Félix.

Sachant qu'en mairie d'Essigny-le-Petit,  il n'y a aucune archive antérieure au premier conflit mondial hormis les registres d'état-civil, consultons ces registres ou plutôt consultons le site des archives départementales. C'est ouvert 24/24 et 7/7 pour l'état-civil antérieur à 1914.

Par chance, on découvre rapidement que notre homme a eu une fille, Mireille, le 10 mars 1911, qu'il est bien brodeur, qu'il a 29 ans et que son épouse se nomme Euphémie DELVAL, qu'elle a  27 ans et qu'elle est ménagère.

Archives départementales de l'Aisne



Félix a 29 ans, il est né vers 1881-1882. Et si c'était à Essigny ?
Retour cette fois-ci sur le site des archives départementales pour consulter les tables décennales de l'état-civil essignyacois. Celle qui nous intéresse va de 1873 à 1882...
Et il est né à Essigny en 1881 ; l'acte de naissance a été rédigé le 9 septembre.

Archives départementales de l'Aisne

Il a peut-être un frère aîné Maxime né en 1875. A vérifier si on a le temps.
C'est le 5 septembre qu'est né Félix Hector. Il est le fils de Maxime, valet de charrue, âgé de 27 ans et de Cléore DEBOUZIE, âgée de 28 ans et demi, ménagère, son épouse.

Archives départementales de l'Aisne

"En sa demeure" précise l'acte. Et la demeure, on sait sans doute où elle se trouve puisqu'on retrouve l'indication "Maxime COLPART" sur un plan d'alignement datant des années 1865. Il s'agit du 692, rue de Saint-Quentin, là où on situe la maison de Félix COLPART, le brodeur. Le plan porte la mention BOEV : il s'agit d'une construction en bois "B", en rez-de-chaussée "OE" et en état de vétusté "V" bâtie en alignement du domaine public.



 Par la même occasion, on connaît la date et le lieu de son mariage, la date et le lieu de son décès.
Il s'est marié à Lehaucourt le 17 mars 1906 ; il est décédé à Wingles, au nord de Lens (Pas-de-Calais) le 23 mai 1966.
Les registres d'état-civil de Lehaucourt ne sont pas encore en ligne pour l'année 1906 et on n'a donc pas leur acte de mariage et la filiation de l'épouse de Félix, à moins qu'elle soit née à Lehaucourt. Ce serait vers 1884. Effectivement, elle est née fin 1883 comme indiqué ci-dessous.

Archives départementales de l'Aisne



Le service militaire
Une autre source de renseignements, pour les hommes, ce sont les registres matricules du recensement militaire qui sont en ligne sur le site des archives jusqu'à 1921. Pour la période qui nous intéresse - 1901 (année de naissance + 20 ans). Il existe à cette époque-là 3 bureaux de recensement dont Saint-Quentin où se rendent les hommes domiciliés à Essigny.
On consulte d'abord la table alphabétique annuelle de 1901 qui nous renvoie sur un des volumes de l'année avec un numéro d'ordre.
Félix Hector COLPART a le numéro 1493 au recensement.

Petite surprise, il a déménagé à Lesdins, sans doute en suivant ses parents.
Heureusement, il s'agit du même bureau de recensement. On y voit qu'en 1901, il exerce la profession de domestique. La mention "manœuvre" a été rajoutée.
Quelques renseignements sur son apparence physique et son niveau d'instruction complètent son état-civil.

Archives départementales de l'Aisne
Le niveau d'instruction 3 correspond au niveau CEP (certificat d'études primaires) avec ou sans le diplôme.

Son service militaire au 19ème Bataillon de Chasseurs en garnison à Verdun se passe sans problème :
Arrivé au corps le 16 novembre 1902.
Chasseur de 2ème classe le même jour.
Fanfariste le 23 septembre 1903. De quel instrument jouait-il ?
Chasseur de 1ère classe le 11 décembre 1904.
Envoyé en disponibilité le 23 septembre 1905.
Certificat de bonne conduite accordé.

Collection particulière



En 1911, comme en 1914, il est connu comme brodeur et l'almanach-annuaire de 1914 le recense comme entrepreneur (artisan) de broderies suisses. Pour en savoir plus sur la broderie suisse, consultez cette page du blog.

La guerre
Félix est rappelé à l'activité le 1er août 1914 et se présente au corps le lendemain.
Il est alors au dépôt ou hors de la zone des armées du 2 août 1914 au 13 septembre 1914 (intérieur) puis au front (aux armées) du 13 septembre 1914 au 25 janvier 1916.
Où était-il ? où a-t-il combattu ?
Première déception dans cette recherche, le "journal de marche et des opérations" de son bataillon n'est pas disponible sur le site officiel "Mémoire des Hommes" pour sa période "aux armées". Il faut donc se rabattre sur d'autres documents comme le site "Chtimiste" qui décrit le parcours de tous les régiments ou bien sur "l'historique du 19ème BCP", documents en ligne.
De 1914 à début 1916, durant sa période "aux armées" Félix sera, avec son bataillon, engagé dans la bataille des Flandres, puis sur des opérations en Argonne puis dans la bataille de Champagne. Il échappera à la terrible bataille Verdun.

Toujours mobilisé mais détaché
Le 25 janvier 1916, il est détaché pour travailler dans une entreprise œuvrant pour la défense nationale. Il est alors métallurgiste à la "Carrosserie Henri-Labourdette", 68 rue de Courbevoie à Courbevoie. Cette entreprise fabrique des carrosseries automobiles.

Collection particulière

Mais c'est sans doute pour construire des remorques pour camions qu'il participe à l'effort de guerre.

Collection particulière
Il est ensuite muté à la maison Paquette au 146, rue de Charonne à Paris.
C'est également un grand carrossier qui habilla des châssis d'automobiles et de poids lourds du constructeur Rochet-Schneider. 
Entre 1914 et 1918, le constructeur Rochet-Schneider se consacre à la production de guerre  (pièces de moteurs d’avion, obus), et à la fabrication d’un seul type de camion : un modèle de 1,5 tonne, dont 1363 unités sont livrés à l’Armée.


Ils seront notamment appréciés comme véhicules sanitaires. (source : Fondation Berliet)






Après le conflit, Félix COLPART est toujours Essignyacois.
En 1921, il est recensé comme brodeur à son compte.
En 1926,  il est recensé comme manouvrier à l'entreprise MARLIER

En 1931, il est de nouveau recensé comme brodeur à son compte.
Lots des élections de 1934, il est journalier.

En 1944, il exerce la profession d'ouvrier agricole.

On connaît Félix COLPART comme entrepreneur de bals mais il ne figure jamais comme tel sur les différentes listes électorales ou de recensement. Peut-être s'agissait-il d'une activité accessoire ?
En tout cas, il est noté comme entrepreneur de bals dans les annuaires Paul Douai de l'arrondissement de Saint-Quentin  pour les années 1933, 1934, 1935, 1938 (annuaires consultables à la bibliothèque municipale de Saint-Quentin)


Après 1944, sauf erreur de ma part, on ne trouve plus trace de Félix COLPART sur les listes communales.


En reprenant son acte de naissance et celui de son épouse, on a mention des décès.
Elle, le 2 janvier 1963 à Wingles (Pas-de-Calais)
Lui, le 23 mai 1966 à Wingles (Pas-de-Calais)

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