vendredi 10 mars 2017

Une conférence sur le Japon à Fonsomme

Le correspondant local du journal "Le Saint-Quentinois" relate une conférence donnée par M. Deléans, l'instituteur de la commune en janvier 1905.
Chants, monologue, saynètes précèdent et suivent cette conférence sur le Japon.

Vendredi  à 7 h 1/2 du soir, M. Deléans, le dévoué instituteur de notre commune qui ne ménage jamais, ni son temps, ni son enseignement pour faire plaisir aux habitants, a fait devant une assistance évaluée à 400 personnes une conférence populaire avec projections sur le Japon, conférence toute d'actualité. 
Les enfants de l'école des garçons sous la direction de leur cher maître ont chanté "Gloire à l'école laïque" de façon magistrale.
Ensuite le jeune Lamy Lucien a dit de façon parfaite le monologues"Mes opinions", il mérite les éloges de toute l'assistance ; du reste il doit être fier des bravos et des félicitations que lui ont adressés l'assistance et, en particulier, M. le Maire.




Belle conférence, où l'orateur n'a omis aucun détail, afin de frapper l'esprit de ses auditeurs, faisant bien comprendre que si la Russie n'eut fait la guerre avec le Japonais, ce fut la France ou une autre puissance européenne qui eût été obligée de la faire ; il termine en disant que si malheureusement les Japonais sont vainqueurs, ça serait peut-être le tour de la France à qui les Japonais envient la colonie d'Indo-Chine. M. Deléans termine en souhaitant que les armées du Tsar soient victorieuses pour éviter à d'autres puissances d'entrer en contact avec ces Japonais et éviter ainsi le péril jaune.

M. Deléans est frénétiquement applaudi et félicité par l'assistance qui lui sait gré de son beau talent d'orateur.



Pour remettre un peu l'assistance des émotions éprouvées, les jeunes Limage, Leroy et Loquet Raymond, à qui vont aussi toutes les sympathies, nous jouent avec un entrain de verve et de gaieté la saynète "La Bourse ou la Fille", qu'ils ont très bien rendue. Compliments à Léon, à Loquet et au maître.
Le rideau tombe à 10 heures juste aussitôt que les garçons ont eu chanté une belle chanson patriotique "Les Tombes sous les Fleurs".
En remerciant les personnes présentes à la conférence, M. Deléans les invite à une autre qui aura lieu prochainement avec le concours d'élèves du cours d'adultes.

Notes :

1. La chanson ou plutôt l'hymne à la gloire de l'école laïque est peut-être celui-ci :

Honneur et Gloire à l’École Laïque

Honneur et gloire à l’École Laïque,
Où nous avons appris à penser librement,
A défendre à chérir la grande République
Que nos pères jadis ont faite en combattant.

Elle nous enseigna des jours fameux l'histoire
En formant notre esprit, elle éleva nos cœurs,
Faisant revivre en nous l'éternelle mémoire
Des héros, des martyrs, des émancipateurs.
Le temps n'est plus où tout un peuple esclave,
Connaissant ses devoirs, mais ignorant ses droits,
Se courbait frémissant, sous le joug qui déprave
Et rêvait de justice, et réclamait des lois.

Tu fis notre âme, école, et notre conscience
Et nous récolterons l'abondante moisson
Qu'en nous tu fis germer, nous montrant la Science
Et le chemin du Vrai, celui de la Raison.
La nuit s'en va, le soleil qui se lève
Dissipe le brouillard, éclaire l'horizon
Réalisant enfin cet admirable rêve :
Le travail dans la Paix, le bonheur par l'union.

  L’œuvre était nécessaire, elle sera féconde
Et le noble vaisseau muni de ses agrès,
Superbe et glorieux, s'en ira par le monde
Répandre la lumière et semer le progrès.

2. La guerre russo-japonaise

Inquiets de l'expansion du Japon attestée par la victoire de ce pays sur la Chine en 1895, les grandes puissances européennes s'attachent à l'imiter le débordement de l'Empire nippon.
La guerre russo-japonaise se déroula du 8 février 1904 au 5 septembre 1905.
En savoir plus en suivant ce  lien.
La Russie fut défaite.
 
3. Les conférences

A cette époque la presse se fait souvent l'écho de conférences données par les instituteurs surtout dans le monde rural. Pour mener ces conférences dont les sujets reviennent d'une commune à l'autre, les maîtres d'école s'appuient sans doute sur le réseau de la Ligue française de l'Enseignement qui leur fournit le support pédagogique.


Sources : 
Bibliothèque municipale de Saint-Quentin
Wikipedia
Encyclopédie Larousse
www.toupival.org

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