samedi 2 février 2019

Filochard et Ribouldingue

René Dauteuille était receveur des postes à Lesdins de 1969 à 1982, à l'époque où le facteur distribuait le courrier à domicile avec une grosse mallette en cuir et son vélo comme moyen de locomotion.

Il s'intéressa à l'histoire de Lesdins et  des environs et regroupa le résultat de ses recherches dans un opuscule d'une soixantaine de pages que l'on peut consulter à la médiathèque de Saint-Quentin et sans doute en mairie de Lesdins qui est dépositaire des recherches lesdinoises du facteur.


Bien sûr, on n'est pas étonné qu'on y parle d'Essigny puisque les de Chauvenet ont été, pendant un temps, seigneurs de Lesdins et d'Essigny-le-Petit.

Mais pourquoi ce titre d'article : Filochard et Ribouldingue ?
Ce sont les pseudos attribués attribués à deux Essignyacois.Ils avaient comme copains Napoléon, Clovis, Raimu, Zinc, Pipo,....

Ces deux surnoms ne disent rien aux habitants d'Essigny rencontrés lors de la cérémonie des vœux de la municipalité samedi dernier.

Alors voici en intégralité l'article que consacre René Dauteuille à cet épisode de la vie lesdinoise :

 " L'arrivée de Monsieur HARVOIS Paul instituteur à Lesdins et secrétaire de mairie, va être l'échelon précurseur à l'implantation d'un groupe de jeunes gens décidés à jouir de la vie pour libérer le sol français de l'occupation allemande.
La création d'une équipe de football fut le début de la formation du groupe de jeunes gens qui, nantis d'une belle et franche camaraderie, essayèrent de participer avec leurs petits moyens contre l'envahisseur teuton.

Ainsi donc, le chef qu'il leur fallait se dessina en la personne du "MAÎTRE D'ÉCOLE". J'utilise ce nom, désuet maintenant, mais qui, à cette époque, est synonyme de respect dans tout village comme Lesdins. C'était lui qui, comme à un jeu, pouvait les mener au combat.
Le mot "jeu" n'est pas péjoratif comme vous pourriez le croire, car la personne qui faisait partie de ces jeunes résistants qui me donne les renseignements mis en page, m'explique que la peur, si elle les effleure, ne fut pas souvent présente, c'était une partie de rigolade entre bons copains.
Les noms qui suivent sont pris sur un [mot illisible ou effacé] état nominatif des FFI comptant à l'effectif  à la date du 1er septembre 1944 et qui dépendait du groupement FFI Saint-Quentin secteur NEGUS 3ème section LOUPY.




Tous ne participèrent pas aux actions du début et rejoignirent le groupe plus tard.
Nous pouvons aussi parler des habitants qui, sans participer vraiment, aidèrent, en sympathisant avec eux, ces jeunes soldats de l'ombre.
Tout d'abord, ces jeunes opéraient sans arme, de sorte qu'en cas de capture, ils pouvaient trouver une raison d'être dehors, plus facilement. Malgré tout, ils avaient chez eux les moyens nécessaires de combattre les Allemands. 

Leurs missions consistaient à couper des fils téléphoniques, barbouiller les pancartes directionnelles lors des déplacements des convois allemands, réceptionner des parachutages, missions souvent très dures, en raison de mauvais largages. Ces derniers avaient lieu entre Fontaine-Uterte et la ferme de Bellecour, sur le mont Varin où était une excellente cache pour les armes. Celle-ci fut même approvisionnée en prévision d'un parachutage de troupes qui devaient prendre Saint-Quentin sur les arrière-lignes allemandes.

 La réception de prisonniers politiques, lors d'un arrêt volontaire d'un train entre Morcourt et Lesdins, leur apporta quelques frayeurs. Au lieu de deux hommes prévus, il y en avait trois. Le comble était que les deux prévus ne connaissaient pas le troisième et pensaient qu'il s'agissait d'un mouton qui allait les vendre à la première occasion venue. Ils hésitèrent longtemps, et cet homme, s'il vit encore, doit la vie à cette hésitation, car il s'avéra plus tard qu'il n'en était rien. Cet homme avait simplement profité de la situation. Ce fut Madame Harvois qui en eut la garde quelques jours. 

Ces jeunes cocardiers firent le 14 juillet 1944 un exemple qui sied bien à la jeunesse, les habitants doivent s'en souvenir. 
Pendant la nuit du 13 au 14 juillet 1944, les défilés étant interdits par l'occupant, ils fixèrent un drapeau tricolore au monument aux morts et avertirent la population qu'elle pouvait, par petits groupes, passer devant celui-ci pour rendre un hommage silencieux, mais oh combien chaleureux aux morts de 14-18 ainsi qu'à ceux qui avaient donné leur vie depuis le début de 1940.

Toute cette équipe, ces jeunes courageux faillirent bien laisser leur vie dans une équipée qui coûta celle de nombreux résistants de Fontaine-Notre-Dame. Ils étaient prévus pour cette mission ; un contre-ordre leur sauva la vie. 

Ils participèrent à la prise de Saint-Quentin et défilèrent dans cette ville. Ils revinrent ensuite pour déminer le pont Pascal que les Allemands n'avaient pas fait sauter.

Une partie de ces jeunes se dispersèrent, les uns s'engagèrent pour terminer la guerre au côté des autres Français combattants, d'autres participèrent à la remise sur pied de la France meurtrie.

Pour clore ce chapitre de l'histoire de notre village, je tiens à rendre hommage aux personnes restées dans l'ombre et qui aidèrent des jeunes maquisards dans leurs missions. "


Donc Filochard et Ribouldingue, René Martin et René Mathias dans le civil, étaient des résistants. Comme quelques autres Essignyacois. Ils seraient restés dans l'ombre sans les recherches du facteur de Lesdins.






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