La vitesse des autos : un incident à Essigny

"Que les chauffeurs fassent de la vitesse sur la route, c'est leur affaire. Leur vie seule est en danger ; mais dans la traversée des villages, il est urgent de protéger les habitants. Les maires, notamment, doivent veiller au respect des arrêtés qu'ils signent dans l'intérêt de leurs administrés. S'il en était autrement, ces arrêtés et ces poteaux seraient inutiles.

N'attendons pas que les habitants armés de fourches se fassent justice eux-mêmes."

Telle est la conclusion d'un article de presse. De demain, d'aujourd'hui, de naguère ou de jadis ?

La version 2016 - Le Courrier picard du 15 octobre 2016

 Reprenons quelques passages de cet article :

...Il en est bien peu qui respecte l'arrêt municipal. Les autos se succèdent comme des trombes et c'est miracle que de graves accidents ne se soient pas encore produits.
Jusqu'ici ce sont les pauvres toutous qui sont victimes des autos....

....Il y a quelques jours, un enfant a failli avoir le même sort que les chiens....

... La voiture allait à une vitesse d'au moins 80 kilomètres à  l'heure. Une heure avant une autre auto écrasait un chien appartenant à M. Dudebout.
Il ne passe pas moins de 80 à 100 autos par jour à Essigny. Hier, on en a compté au moins 120...

Une centaine de véhicules quotidiens, on est loin de la circulation actuelle qu'il faut multiplier au moins par 10. On est bien au temps jadis. D'ailleurs l'arrêté municipal de limitation de vitesse pris le 22 juin 1909 limite la vitesse des véhicules à 8 (huit) kilomètres à l'heure.

"Les habitants sont exaspérés. A quoi servent ces arrêtés si l'autorité est impuissante à les faire respecter ? Ne pourrait-on pas remédier à cet état de choses en chargeant le garde ou tout autre agent  de l'État de se poster à l'entrée du village et de prendre le n° des autos dont la vitesse est exagérée ?
Il paraît que l'expérience a été tentée. Elle aurait produit d'excellents résultats.
Va-t-on attendre des accidents de personnes avant de prendre les mesures de sécurité que réclame la population ?

On est bien dans le passé et si on avait cherché un peu plus loin, on aurait vraisemblablement trouvé les mêmes problèmes avec les véhicules hippomobiles.

Et puis, cela ne se passait pas à Essigny-le-Petit mais à Essigny-le-Grand.

Extraits du journal "Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne" du dimanche 28 septembre 1913

Taxi de la Marne - Musée de l'armée - Photo Pascal Segrette