dimanche 20 janvier 2019

Le conseil démissionne


Depuis jeudi, la commune de Fontaine-Uterte n'a plus de maire ni de Conseil muicipal. M. Jacques Loyeux, premier magistrat, qui avait pris la décision de se démettre de ses fonctions, fut bientôt suivi  de tous les édiles. Quelle raison a motivé cette cessation d'activité ? Tout simplement l'absence d'instituteur ou d'institutrice. Depuis le 1er octobre [jour de rentrée en 1958], 25 enfants n'ont plus de maître.



9 remplaçants, 2 titulaires

Nous nous sommes rendus à Fontaine-Uterte pour assister à la dernière réunion du conseil municipal. Très aimablement, M. Jacque LOYEUX nous a exposé les doléances d'une commune vraiment défavorisée au point de vue scolaire : "Depuis 5 ans, nous a-t-il expliqué, nous avons reçu 6 remplaçants et 2 titulaires. Jamais nous n'avons pu obtenir un instituteur ou une institutrice à demeure. Résultat : un seul élève présenté au certificat de puis 10 ans. Certains parents préfèrent envoyer leurs enfants dans d'autres écoles au moment du certificat.

Les conseillers et le parents d'élèves - ces derniers ont émis une énergique protestation collective - nous ont confirmé cette désastreuse situation. Une maman est désolée : " Ma fille doit passer le certificat cette année, cela ne va pas l'avancer ! " : " Nos enfants ne savent que faire depuis quinze jours, et notre travail ne nous permet pas toujours de les surveiller attentivement " ; " Il y a 152 habitants à Fontaine-Uterte : nous devrions obtenir satisfaction. "

Un coquet appartement attend...

Au 1er octobre, un instituteur avait été nommé. Hélas, il fut rappelé pour une période militaire et ne revint à Fontaine-Uterte que pour annoncer.... qu'il s'en allait ailleurs. Pourquoi ?
" Hier, nous indique M. Loyeux, l'Administration me faisait savoir qu'une institutrice était désignée. Mais habitant St-Quentin, cette jeune fille viendra par le train jusqu'à Essigny. Là, elle aura encore près de 3 km à faire à pied. Pensez-vous que cette situation puisse durer longtemps ? "
Non. Certainement pas. Un homme même ne ferait pas ce footing sous la neige, apr temps de pluie , de verglas. Il faut à la commune un maître qui réside sur place ; un coquet appartement l'attend. Nous avons visité sa demeure, elle est très propre et parfaitement agencée.
Quant à la salle de classe, neuve, coquette, dotée d'un matériel moderne, elle est parfaite. Une cour spacieuse, dont le sol est couvert de bitume, attend les petits écoliers. Hélas, l'école reste silencieuse, et le temps passe. Cette démission collective du conseil municipal permettra-t-elle de trouver une solution à ce problème ?
Nous le souhaitons à M. Loyeux et ses amis, bien décidés à aller jusqu'au bout pour obtenir satisfaction. " Si notre démission est refusée, ous commencerons une grève administrative, nous occupant uniquement de l'état-civil. Nous voulons que nos enfants reçoivent l'instruction à laquelle ils ont droit, dans des conditions normales ".

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Nous apprenons, en dernière minute, que l'Inspection Académique se propose de tout mettre en oeuvre pour accorder, au plus tôt, satisfaction aux justes desiderata des édiles et parents de Fontaine-Uterte.




En 1958, la pénurie de maîtres et de locaux est grande ! Dans le Nord, plusieurs dizaines de classes ont plus de 50 élèves. A Toulouse, dans une école maternelle, 78 élèves s'entassent dans chaque classe...

Source : L'Aisne Nouvlle Nouvelle du samedi 18 octobre 1958 - Fonds local de la médiathèque de Saint-Quentin
 



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