mercredi 8 décembre 2021

Uranie Joube, commerçante essignyacoise, aux Assises

 C'est bien en tant que présumée innocente qu'Uranie Joube comparaissait aux Assises de l'Aisne en 1886.

Qui est cette Uranie ?

Sur son acte d'accusation, elle est déclarée native de Fonsomme. En fait c'est à Croix-Fonsomme qu'elle est née le 23 avril 1830. Elle est la fille de Pierre Louis Hipolite LECART, 28 ans, gazier, et de Marie Louise Augustine Bernardine DUMEZ. Ses prénoms sont Marie Augustine Florimone Uranie.

Ses parents s'installent ensuite à Essigny-le-Petit où son père a été nommé garde-champêtre.

C'est donc à Essigny que le 15 septembre 1847 qu'elle épouse François Clovis JOUBE, couvreur en chaume, de Lesdins. A cette date, elle déclare exercer le métier de brodeuse.

Elle est la seconde épouse de François Clovis JOUBE, veuf de Rosalie Opportune TELLIER (1820-1845). De ce premier mariage sont issus deux enfants : Clovis Aimé (1841-1914) et Elvire Célima (1844-1845)

Sur le site Généanet, deux enfants sont renseignés pour le couple JOUBE-LECART

  • Célina Louise Marie née le 30 août 1851 à Essigny-le-Petit et décédée après 1891 à Tergnier
  • Clovis Ovide né le 5 août 1858 à Essigny-le-Petit et décédé le 25 juin 1879 audit Essigny

Leurs métiers :

François Clovis est tisseur. En 1847, il se déclare comme couvreur en chaume. Il est noté comme aubergiste en 1879 alors que son épouse Uranie est notée à la même époque comme épicière. En 1882, lors du décès de François Clovis, ils sont tous deux épiciers.

Leur domicile :

Sur l'ancien plan d'alignement de la commune datant des années 1863 à 1866, une maison au nom de JOUBE Clovis figure face à la place publique alors que la mairie n'est pas encore construite. Les indications portées sur le plan indiquent qu'il s'agit d'une maison en bois, qu'elle n'a pas d'étage et qu'elle est dans un état médiocre. Est-ce bien là qu'habitaient François Clovis et Uranie ? C'est probable. 



Un extrait du plan détenu par le conseil départemental de l'Aisne

La faillite du commerce

Pourquoi Uranie comparaît-elle devant les assises ?

Au décès de son époux, ils tiennent ensemble une épicerie. Veuve, elle continue cette activité. Était-elle capable d'assurer la gestion de son magasin ? Il est probable qu'elle n'en avait pas les capacités. En tout cas, elle ne savait pas signer lors de son mariage. Alors tenir des livres de comptes, si elle n'était pas aidée, ce devait être bien compliqué.

Toujours est-il que 4 ans après le décès de son époux, son commerce est en état de faillite. 

La déclaration de faillite du 30 mars 1886 est publiée par la presse le 7 avril suivant.

La déclaration de faillite indique qu'elle est non seulement marchande épicière mais aussi débitante de boissons.

 

La vente aux enchères publiques a lieu le 2 mai. On s'aperçoit qu'Uranie vend également de la mercerie, de la bonneterie, de la verrerie, de la poterie. Son mobilier personnel est également mis en vente.

Tout n'a pas été vendu. Un deuxième jour, le dimanche 16 mai est annoncé également dans la presse.

Les assises

La vente est terminée. En théorie, Uranie ne possède plus rien. Au plus, il lui reste le strict nécessaire pour vivre si les lois de l'époque le prévoyaient.

Mais Uranie a triché et les langues se sont déliées. 

Elle n'a pas déclaré sa  cessation de paiement dans les 3 jours et surtout, elle a dissimulé avant la mise sous scellés de nombreuses marchandises et une partie de son mobilier personnel. Ce que relate le compte-rendu du procès d'assises.


 

 


 Le compte rendu de l'audience précise que des marchandises ont été dissimulées à l'extrémité du village. Il se pourrait que ce soit dans une autre maison propriété de Clovis JOUBE. Elle se situait face à l'école. A cette époque c'est quasi l'extrémité du village quand on se dirige vers Saint-Quentin. Il s'agissait d'une maison en bois sans étage et déjà vétuste en 1865.

 

La maison face à la "nouvelle" école.

Acquittée !!!! le journaliste marque son étonnement. Comment cet acquittement a-t-il pu être motivé ?

Et pourtant la banqueroute frauduleuse est sévèrement condamnée puisqu'elle était passible de la peine de mort et que l'on risque toujours plusieurs années de prison pour ce crime.

Sources : 

  • Retronews - Le Journal de Saint-Quentin et de l'arrondissement (plusieurs numéros de 1886 : articles de presse sur la faillite et le procès d'assises
  • La généalogie de pépé47 sur Généanet
  • La généalogie de   bbutetclau sur Généanet
  • Le conseil départemental de l'Aisne : plan d'alignement de la commune d'Essigny-le-Petit
  • Les archives départementales de l'Aisne : état-civil des communes de Croix-Fonsomme, Essigny-le-Petit et Lesdins

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